Surtout dans les grosses entreprises
“Réussir à mobiliser plusieurs candidats au même endroit, pendant toute une journée, ce n’est pas évident à organiser” explique Sacha Kalusevic, qui exerce comme directeur senior au sein du cabinet de recrutement Page Personnel. “A moins de s’appeler Google ou LVMH “ajoute-t-il.
“Ce ne sont pas les PME qui vont organiser des entretiens collectifs d’embauche mais plutôt des grands groupes comme Zara, H&M, SFR ou Bouygues” remarque Sacha Kalusevic.
“On retrouve généralement ce mode de recrutement dans les secteurs en tension comme le transport, la restauration, le commerce ou les services à la personne” ajoute de son côté Erengul Temur, conseillère au Pôle emploi. “Ce sont surtout sur des postes opérationnels où il n’y a pas de pénurie de candidats comme dans la vente ou le service clientèle, que les candidats vont être recrutés par ce biais-là” poursuit Sacha Kalusevic.
Le secteur de la banque-assurance en est aussi friande. “A la MAIF, nous organisons des sessions collectives dès lors qu’il y a au moins trois postes à pourvoir sur une même offre. Il s’agit le plus souvent de poste de conseillers en assurance à distance pour travailler dans nos centres de contact” précise Salima Mandi, responsable du recrutement pour le groupe.
Esprit d’équipe et aisance relationnelle
Pour les candidats, l’exercice n’est pas simple et demande “beaucoup d’énergie et d’implication” reconnaît Sacha Kalusevic du cabinet de recrutement Page Personnel. “Cela requiert une certaine aisance car on est soumis non seulement au regard du recruteur mais aussi à celui du collectif” ajoute Erengul Temur.
“Après une présentation collective du groupe et du poste, les candidats sont mis en situation individuellement avec un responsable de Centre de contact et un chargé de recrutement sur un cas concret en lien avec la fonction. Cette épreuve permet d’évaluer, leur aisance relationnelle ainsi que leurs compétences commerciales détaille Salima Mandi, chargée de recrutement à la MAIF. Les candidats interagissent en petit groupe à travers un jeu de rôle afin d’observer leur capacité à travailler en équipe”.
“Pendant les mises en situation, on cherche souvent à challenger les candidats afin d’observer leur gestion du stress” ajoute Sacha Kalusevic. Mieux vaut donc s’y attendre.
Ceux qui pensent qu’il n’y a rien à préparer avant une mise en situation, détrompez-vous. “Comme tout entretien, un entretien collectif se travaille” insiste Sacha Kalusevic. Plus vous serez préparé à l’exercice, plus vous gagnerez en assurance et moins vous serez stressé le jour j conseille Erengul Temur. “Entraînez-vous en vous présentant devant des proches. Renseignez-vous aussi sur le poste, ses missions et les valeurs de l’entreprise” détaille-t-elle.
Lors des mises en situation, l’erreur serait de considérer les autres candidats comme des concurrents. “Il faut savoir s’imposer sans en faire trop, réussir à défendre son point de vue tout en sachant écouter les autres et sans couper la parole” conseille Erengul Temur. “Et surtout, il faut rester authentique, ne pas jouer de rôle et rester soi-même à tout moment de l’entretien” préconise Salima Mandi
Les timides ne sont pas forcément désavantagés, “ceux qui parlent le plus ne seront pas nécessairement retenus” indique Sacha Kalusevic. “Il faut rester simple, humble, parler à bon escient. Trouver le juste milieu pour ne pas être en retrait sans en faire trop” conseille-t-il.
Un moyen de diversifier les profils
En rencontrant plusieurs candidats simultanément, l’entretien collectif présente l’avantage d’être un gain de temps considérable pour les entreprises, mais pas que. Ce mode de recrutement permet de mieux cerner les aptitudes et savoir-être d’un candidat et d’éviter les erreurs de casting. “Les mises en situation reflètent assez bien qui ont est, on ne peut pas jouer” souligne Erengul Temur, conseillère Pôle emploi.
“Le recruteur va tester les compétences techniques des candidats mais aussi détecter ses qualités humaines, analyse Sacha Kalusevic. Même si on est encore loin du modèle anglo-saxon où la personnalité peut permettre de décrocher un poste, on s’en approche. Les soft skills (compétences liées à la personnalité, ndlr) sont de plus en plus prises en compte par les employeurs” remarque-t-il. Capacité à travailler en équipe, politesse, humilité seront donc des qualités plus qu’appréciées lors d’un entretien collectif.
“Les mises en situation permettent aussi d’ouvrir les recrutements à différents profils” explique Sacha Kalusevic. Même s’il y a souvent une présélection, les sessions collectives de recrutement restent un moyen de “détecter le potentiel des candidats au-delà du CV” ajoute Salima Mandi, chargée de recrutement à la MAIF. Cela peut donc être une opportunité pour ceux qui n’ont pas un parcours linéaire ou le diplôme qu’il faut.
Et après?
L’entretien collectif n’est qu’une étape du recrutement, ” pour finir, les candidats passent un entretien individuel de motivation afin de partager leurs expériences et mettre en avant leurs atouts pour occuper le poste” explique Salima Mandi chargée de recrutement à la MAIF.
Lors de l’entretien de motivation, “vous devez valoriser vos compétences, et présenter votre parcours de manière positive. L’entretien est un échange d’égal à égal, on attendra de vous que vous argumentiez sur ce que vous pouvez apporter à l’employeur en tant que collaborateur” indique Erengul Temur.
“En général les recruteurs font un feed-back aux candidats après la phase d’entretiens” explique Sacha Kalusevic. Si ce n’est toutefois pas le cas, et que vous n’avez pas été retenu, n’hésitez pas à demander un retour à l’employeur pour savoir ce qui a pu pêcher, sa réponse pourra peut-être vous aider à ajuster votre prochaine candidature et à mieux préparer vos futurs entretiens.