Ce job de vacance qui m’a permis de gagner de l’argent
A l’approche de la saison estivale, les recruteurs commencent à rechercher des jeunes pour renforcer leurs équipes ou simplement remplacer les salariés qui partiront en congés. Pour les étudiants, ces opportunités sont un moyen de financer des vacances ou quelques extras durant l’année universitaire.
« Un été, j’ai travaillé comme agent de magasinage sur une plateforme logistique. J’ai passé un mois et demi dans un entrepôt à préparer les commandes pour une grande enseigne d’articles de sport, raconte Linh. J’emménageais dans une nouvelle ville à la rentrée, ce salaire m’a permis d’acheter des meubles pour mon premier appartement et mettre un peu d’argent de côté pour l’année. »
« Ceux qui travaillent pendant l’année sont plus nombreux à travailler l’été » constatent Théo Patros, chargé d’études, et Feres Belghith, directeur de l’OVE. Travailler pendant l’été peut ainsi permettre de réduire l’intensité du travail rémunéré pendant l’année et donc, préserver le temps consacré aux études. « Cela permet de rester sous le seuil hebdomadaire, évalué à une douzaine d’heures, à partir duquel l’activité rémunérée devient pénalisante pour la bonne réalisation des études » précise Jean-François Giret, professeur de sciences de l’éducation à l’université de Bourgogne et directeur de l’Institut de recherche en éducation (IREDU).
Ce job où j’ai découvert un métier
Cette immersion dans le monde du travail est aussi un moyen d’affiner son projet professionnel. Comme dans le cas de Mehdi, aujourd’hui maître-nageur : « J’ai commencé à 16 ans. En parallèle du BAFA, j’ai passé la qualification SB (suveillance des baignades) qui permet de travailler avec les enfants, en centre de loisirs. On a la responsabilité d’un groupe, ça met dans le bain. Ça m’a plu, j’ai donc enchaîné avec le BNSSA puis le diplôme de maître-nageur sauveteur ».
L’expérience estivale peut confirmer ou infirmer ses souhaits d’orientation. « L’été dernier, j’ai signé un contrat avec la mairie de ma ville, explique Raphaël. J’étais affecté sur le port de plaisance. Mon job consistait à renseigner les plaisanciers et entretenir les espaces communs. Le travail n’était pas passionnant mais il m’a fait réaliser que je préférais travailler en extérieur plutôt que de passer mes journées assis derrière un bureau ».
Au-delà d’un métier ou d’un environnement de travail, on découvre, au fil de ces expériences, le fonctionnement et l’organisation d’une entreprise. Sur Twitter, la journaliste Constance Vilanova explique, dans un thread intitulé « Pourquoi les vendeuses vous “sautent” dessus dès que vous entrez dans une boutique de vêtements et pourquoi n’ont-elles absolument pas le choix ? (…) », ce qu’elle a appris de l’univers de la vente et du marketing en travaillant dans une boutique de vêtement.
Ce job que je valorise sur un CV
Même s’ils sont parfois très éloignés du métier ou du secteur visé, les jobs d’été sont loin d’être anecdotiques. C’est souvent par ce biais que l’on fait ses premiers pas en entreprise.
« Je travaillais comme serveuse dans le restaurant d’un musée, se souvient Clara. Les touristes arrivaient par cars entiers et nous devions les servir au pas de course pour qu’ils puissent enchainer sur d’autres visites de lieux touristiques. Depuis, je n’ai jamais retravaillé en restauration mais cette expérience m’a permis de découvrir le fameux coup de feu en cuisine. J’y ai appris à gérer le stress et mon sang-froid, y compris face aux fortes personnalités ».
Bien souvent, les compétences acquises lors d’un job d’été peuvent être transposables dans un autre secteur d’activité. « Même si ce n’est pas là que se fait la sélection, le job d’été peut être bien vu dans un CV » confirme Jean-François Giret.
Sans compter que l’expérience permet d’élargir son réseau professionnel que l’on pourra mobiliser l’été suivant pour un nouveau job d’été, ou même plus tard pour un stage voire un premier emploi.
Ce job où j’ai appris à travailler en équipe… ou pas !
« L’enjeu est de trouver le job plus qualifié possible, conseille Jean-François Giret. Plus on a de contact, plus on est intégré à l’équipe, plus on apprend des choses avec des collègues plus expérimentés et plus ça a un effet positif » souligne-t-il . Lorraine ne dira pas le contraire : « Je remplaçais quelqu’un qui était à l’accueil d’un bâtiment qui n’accueillait… personne. L’ennui total ! » regrette-t-elle.
A l’inverse, Louise a apprécié pouvoir s’appuyer sur une collègue. « Un jour, alors que je travaillais au rayon rôtisserie d’un supermarché et que j’étais occupée à répondre à une cliente, une autre en a profité pour voler un énorme jambon qui servait à décorer le stand ! Je ne m’en suis aperçue qu’après son départ. Heureusement, une employée plus ancienne m’a rassurée et expliqué la marche à suivre pour signaler l’incident auprès d’un responsable » se souvient-elle.
Autre point positif, le job d’été permet de rencontrer des personnes que l’on n’aurait probablement jamais croisé autrement. Julien, titulaire du BAFA, a enchaîné plusieurs étés dans le même centre de vacances. « Nous avions des horaires plus lourds que la paye mais l’ambiance était excellente. Nous décompressions lors des « cinquièmes ». C’est le nom donné au 5ème repas, il est réservé aux animateurs et a lieu après la réunion du soir quand les enfants sont couchés ! C’est souvent un rituel en colo et j’en garde de très bons souvenirs ». Une ambiance sympathique entre collègues qu’a retrouvé Inès lorsqu’elle a travaillé dans le supermarché de sa ville : « mes collègues sont devenus des amis et on a continué à se voir pendant l’année » confie-t-elle.
Apprendre à travailler avec des collègues, pour le meilleur et parfois… le pire ! « Mon job sur une plateforme logistique consistait à charger et décharger des camions, se souvient Hugues. Certains jours, quand un camion arrivait, on tirait à la courte paille pour savoir qui allait pouvoir se cacher et faire une sieste pendant que les autres déchargeaient. Mais je ne me souviens pas avoir gagné souvent ! »